Loin d’être un emblème de paix et de pureté, Frida Kahlo a su se démarquer grâce à son honnête besoin de s’exprimer. Pour attester ces dires, il suffit de penser à son œuvre emblématique « La Colonne Brisée », qui relate son terrible accident et ses séquelles. Avant tout, il est important de comprendre ce qui a poussé cette femme à l’apparence enjouée et rêveuse à libérer des souffrances pareilles. Grâce aux connaissances possédées sur sa vie, il n’est pas difficile de comprendre d’où vient son talent pour l’expressionnisme. Mélange d’espoirs, de rêves et de souffrances, elle a connu peu de joie et beaucoup de peine.

Pourtant, les œuvres de l’artiste délivraient toujours les mêmes messages. Une certaine lumière se dégageait malgré tout de cette noirceur. Frida Kahlo le faisait bien comprendre; elle n’abandonnerait pas. Elle n’hésitait pas non plus à imposer ses principes. Dans ces années-là, être féministe était peu commun et peu bien vu. Pourtant, elle a réussi à démocratiser cette cause au Mexique. Pour toutes ces raisons, elle est devenue un véritable pilier de la culture mexicaine. Elle représente à elle seule l’art mexicain du XXe siècle.

Frida Kahlo, une artiste à l’existence brisée

Sa venue au monde se fait le 6 Juillet 1907, à Coyoacán au Mexique. En 1922, Frida Kahlo fera changer cette date pour le 7 juillet 1910, soit le début de la révolution mexicaine. Son ambition et son envie de devenir la voix des opprimés se fait ressentir assez tôt. Son enfance se passe dans « La Maison Bleue », une petite maison de banlieue construite par son père.

D’ailleurs, cette bâtisse est aujourd’hui devenue un véritable musée national pour le peuple mexicain ! C’est entre ses murs que Frida Kahlo vécut ses premiers et derniers jours. Aujourd’hui, les œuvres d’art de l’artiste-peintre sont exposées en ce lieu, et ses cendres y reposent dans une urne à la forme de son visage. C’était une enfant vive et curieuse ; ses yeux brillaient, constamment éveillés. Son père étant photographe, elle s’est intéressée très jeune à toutes sortes de courants artistiques.

Lors de l’année de ses six ans, la vie lui donne son premier coup dur. Les médecins découvrent qu’elle est atteinte de la poliomyélite. Ainsi, l’usage de sa jambe droite est des plus précaires, et son pied a cessé de grandir. Ces problèmes de santé lui auront valu le nom de « pata de palo », qui signifie « Frida la bancale ». Dans le futur, elle se vêtira exclusivement de jupes longues pour cacher cette difformité.

Cependant, elle supporte cette épreuve avec une force rare pour une enfant de cet âge. Malgré l’injustice de sa situation, son esprit reste toujours aussi vif. Alors qu’elle grandit, elle prend même la décision de devenir médecin ! C’est ainsi qu’elle consacra une grande partie de sa jeunesse à ses études. Élève brillante, elle intègre une prestigieuse école de médecine. Elle fait partie des 35 élèves admis sur 2000 ! Son rêve est sur la bonne voie, elle s’imagine déjà médecin, en train d’aider des pauvres gens qui, comme elle, subissent une injustice irrémédiable.

Mais, malheureusement, le pire ne lui est pas encore arrivé. On est le 17 Septembre 1925, et un terrible accident de bus a lieu. Le bus dans lequel elle se trouvait percute de plein fouet un tramway. Le bus plie, explose, et c’est une hécatombe. Spectacle surréaliste, la jeune Frida Kahlo se retrouve empalée sur une barre de fer, la jambe, le pied, et l’épaule brisée. La poudre d’or d’un ouvrier s’est répandue sur son corps mutilé et ensanglanté. Ce jour-là, la mort a adopté un extravagant voile de lumière.

Malgré qu’elle ait miraculeusement survécu à ce drame, Frida Kahlo se considère comme morte ce jour-là. Il représente sa date funèbre, l’heure où ses rêves et ses espoirs ont étés détruits en miettes devant ses yeux. Ses liens avec la médecine n’ont pas étés coupés pour autant. À la place du médecin qu’elle souhaitait devenir, elle devint désormais la patiente. À la suite de son accident, elle doit rester de longs mois alitée et endurer le port d’un corset en permanence. Il est estimé qu’elle a subi plus d’une trentaine d’opérations médicales pour pouvoir rester en vie. C’est sa colonne vertébrale qui a été le plus endommagée, et elle gardera à vie des séquelles irréversibles. Jamais elle ne pourra avoir d’enfant, et elle gardera des douleurs au dos toute sa vie.

L’autoportrait pour s’exprimer

Après son tragique accident, Frida Kahlo se voit contrainte de passer énormément de temps allongé. Durant cette période de convalescence, elle estime avoir passé tellement de temps dans cette position qu’elle fit le souhait d’être incinérée assise ! Pour ne pas se morfondre sur elle-même, elle lit beaucoup de poésie chinoise et de célèbres auteurs, se forgeant une culture générale solide et impressionnante. C’est également dans cette période que son premier intérêt pour divers mouvements artistiques se développe.

Face à cette situation désolante, ses parents mettent en place un chevalet et un miroir au-dessus du lit de Frida. De cette manière, elle peut peindre tout en restant allongée. Elle s’initie d’abord à la nature-morte et aux portraits. Elle commence par peindre ses proches, mais rapidement, ses œuvres tournent autour d’elle. Elle n’hésite pas à caricaturer ses traits, à se représenter accompagné de ses animaux favoris, ou à régler ses comptes lorsqu’elle en ressent le besoin. Plus que de l’art, peindre est devenu son véritable moyen d’expression.

« Si je me peins, c’est que c’est le sujet que je connais le mieux !» a-t-elle un jour déclaré.

Si l’on y regarde bien, il n’est pas difficile de s’apercevoir que chaque événement marquant de sa vie est retranscrit dans ses toiles. Elle le dit elle-même : elle tente de peindre les choses telles qu’elle peut les voir. C’est ainsi qu’on retrouve dans son travail sa représentation de son accident de bus. Ses espoirs et des déceptions, son père, son médecin… Tout y est retranscrit à merveille !

Aujourd’hui, de nombreuses marques ont d’ailleurs créés des pièces uniques avec notamment son autoportrait. Emblème du Mexique et connue dans le monde entier, elle inspire encore des artisans locaux qui proposent des créations comme des coussins à l’effigie de Frida Kahlo.

Coussin Frida Kahlo par Mukasa
Coussin Frida Kahlo par Mukasa
Coussin Frida Kahlo par Mukasa

Frida Kahlo, une artiste peintre du Mexique au parcours difficile

En 1928, alors qu’elle se rend à la soirée de Tina Moretti, une amie avec qui elle partage son communisme, elle y rencontre Diego Rivera. Cette rencontre représente un réel tournant dans sa vie. Animée d’une flamme brûlante, d’une passion jusque-là inconnue, c’est un an à peine après leur rencontre qu’ils se marient. Il a 20 ans de plus qu’elle, il est un coureur de jupons. Mais il partage son idéal communiste, sa confiance envers l’art et l’élan qu’il va apporter au monde. Ses preuves artistiques sont nombreuses. Il a déjà travaillé avec le gouvernement, et ses fresques murales sont reconnues dans le monde entier.

Aussi différents que complémentaires, il est difficile de les imaginer ensemble, mais impossible de les imaginer l’un sans l’autre. À leurs débuts, tout est rose. La vie maritale est passionnelle et digne d’un conte de fées. Mais rapidement, le tempérament séducteur de Diego prends le dessus, et les infidélités s’enchaînent. Il la trompe même avec sa propre sœur ! Cependant, il laisse la liberté à Frida Kahlo de faire la même chose.

C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait ! On lui prête une liaison avec Léon Trotsky et Joséphine Baker, une artiste américaine naturalisée française. Un jour, elle écrit : « J’ai eu deux accidents graves dans ma vie. L’un, c’est quand un tramway m’a écrasé. L’autre, c’est Diego. » De nombreuses œuvres lui seront d’ailleurs consacrées. « Les cheveux coupés » en 1940, ou encore « Les deux Frida ». Des messages de colère et de frustration, d’amour et de haine.

Dans sa vie, Frida Kahlo subit une fausse-couche à deux reprises. La première au Mexique, la seconde à l’hôpital Henry Ford. Elle exprime sa souffrance dans une œuvre d’art difficile, intitulé « Le Lit Volant ». Elle s’y représente sur un lit d’hôpital, le bas-ventre ensanglanté et son fœtus au-dessus d’elle.

Malgré sa condition de santé difficile, Frida Kahlo ne se laisse pas impressionner. En 1928, elle prend la décision de s’inscrire au Parti communiste mexicain. Considérant la politique actuelle du pays comme instable et injuste, elle tente d’y apporter sa contribution. Féministe et communiste, elle assume même sa bisexualité. Son rêve, c’est la liberté, et elle le fait bien comprendre. Ses souffrances ne sont rien à côté de ses espérances.

Après des années de militantisme et d’expression, c’est en 1954 qu’elle s’éteint, à l’âge de 47 ans. L’été d’avant sa mort, la jambe droit lui avait été amputée. D’après ses dires, ce fut la période la plus difficile de sa vie.

« J’espère que la fin sera joyeuse. Et j’espère ne jamais revenir. »

L’art comme un ruban autour d’une bombe

« L’art comme un ruban autour d’une bombe. » C’est ainsi que le poète français André Breton décrit l’art de Frida Kahlo. Impressionnée par le surréalisme de ses œuvres célèbres, Frida Kahlo calme bien vite son enthousiasme. « On pensait que j’étais surréaliste, mais ce n’était pas le cas. Je n’ai jamais peint mes rêves. J’ai peint ma réalité. »

Les nombreuses paroles de la jeune femme avant-garde et torturée confirme que ses tableaux ne représentent pas des rêves, mais une âme souffrante. Le succès et l’exhibition ne l’ont jamais attirés. Peindre était pour elle un simple exutoire, un moyen simple de supporter sa vie. La dureté de son réalisme est ce qui l’a rendu si célèbre, ce qui l’a démarqué des autres. Ce schéma se retrouve d’ailleurs chez de nombreux artistes à la stabilité mentale fragile ! Vincent Van Gogh n’était-il pas, lui aussi, un grand peintre reconnu ? Pourtant, ses œuvres les plus connues relatent des faits froids et glacés.

Sa marginalité et son courage en fait d’elle cette figure forte du Mexique. Pour les mexicains, elle représente un véritable modèle. Malgré les épreuves et les injustices qu’elle a subi, elle aura réussi, à force de détermination, à contribuer à la liberté de son pays. Lors de votre voyage au Mexique, vous aurez l’occasion de découvrir un peu plus de cet artiste peintre avec notamment des musées comme celui de Playa del Carmen ou celui de Mexico City nommé la Casa Azul.